Stéphane et son Austin Healey 3000 MKII BJ7 de 1963 (2013...)
Histoire d'Austin
Healey et de la BJ7 de 1963
Ingénieur
et pilote de renom, Donald Healey fait ses premières armes de
constructeur en 1948 avec un coupé (Elliot) et un roadster
(Westland) équipés d'un moteur Riley de 2,4 litres. Suivra en 1951
la Nash-Healey, un roadster motorisé par le six cylindres de la
marque américaine équipant l'Ambassador (réalisé à seulement 253
exemplaires). Mais Donald Healey rêve de construire un roadster
performant et d'un prix abordable, qui lui assurerait une plus large
diffusion.
Austin Healey 100 S
© D.R.
L'Austin
Healey 100 connaît une première évolution en 1955 (série BN2)
avec l'adoption du train arrière de la Morris Minor et d'une boîte
de vitesses à quatre rapports. Une variante plus performante, la 100
M, voit son moteur porté à 110 ch. La voiture est identifiable à
son capot percé d'ouïes et fixé par une sangle.
La grande
aventure débute en 1952 au salon de Londres, dont l'Healey Hundred
constitue l'une des vedettes. Dessiné par Gerry Coker et construit
par Ticford, ce prototype emprunte son moteur à l'Austin A 90.
Rapidement Donald Healey signe un accord avec Leonard Lord, le patron
de la British Motor Corporation, et la voiture devient Austin Healey, 20 xemplaires d'avant série sont réalisés. La production en série
de l'Austin Healey 100 démarre en mai 1953 dans la célèbre usine
Austin de Longbridge. Equipé d'un quatre cylindres de 2663 cm3
développant 90 ch, le modèle (série BN1) est essentiellement conçu
pour l'exportation, à l'image de toutes les voitures de sport
britanniques de l'époque. En août 1954 apparaît une version
sportive, la 100-S, dont les 132 ch sont obtenus grâce à une
culasse préparée chez Weslake. Dotée de quatre freins à disque,
la voiture, dont la carrosserie est réalisée en aluminium, est
reconnaissable à sa calandre de forme ovale. Cinquante exemplaires
seulement en seront réalisés.
Austin
Healey 100 Six série BN4
© D.R.
© D.R.
Austin
Healey 100 Six série BN6
© D.R.
© D.R.
L'année
suivante marque un tournant dans l'évolution de l'Austin Healey avec
l'apparition du premier modèle à six cylindres : c'est la 100 Six
(série BN4), dont le moteur de 2639 cm3 (102 ch) est celui de
l'Austin A-105 Westminster. Sa carrosserie allongée fait de la
voiture une 2 + 2, dont la nouvelle calandre ovale évoque celle de
la 100-S. Le pare-brise est désormais fixe. Variante de la
précédente, la 100 Six série BN6 revient en 1958 à la carrosserie
deux places. Le moteur reçoit en même temps un surcroît de
vitamines (117 ch) grâce à une nouvelle culasse et à des
carburateurs SU HD6.
C'est en juillet 1959 que naît l'Austin Healey 3000, premier modèle d'une nouvelle génération dont le six cylindres est porté à trois litres (124 ch). Dotée en série de freins à disque à l'avant, la voiture est disponible en roadster deux places (série BN7) et 2 + 2 (série BT7). En 1961, la 3000 Mk II bénéficie de trois carburateurs SU HS4, qui font monter la puissance à 132 ch. Elle reçoit par ailleurs une nouvelle calandre à barrettes verticales. La 3000 Mk IIA (série BJ7) marque en 1962 l'embourgeoisement du modèle : la version roadster deux places disparaît, tandis que prennent place vitres descendantes, déflecteurs et pare-brise bombé et marque le retour aux 2 carburateurs.
C'est en juillet 1959 que naît l'Austin Healey 3000, premier modèle d'une nouvelle génération dont le six cylindres est porté à trois litres (124 ch). Dotée en série de freins à disque à l'avant, la voiture est disponible en roadster deux places (série BN7) et 2 + 2 (série BT7). En 1961, la 3000 Mk II bénéficie de trois carburateurs SU HS4, qui font monter la puissance à 132 ch. Elle reçoit par ailleurs une nouvelle calandre à barrettes verticales. La 3000 Mk IIA (série BJ7) marque en 1962 l'embourgeoisement du modèle : la version roadster deux places disparaît, tandis que prennent place vitres descendantes, déflecteurs et pare-brise bombé et marque le retour aux 2 carburateurs.
Dernier
avatar de la lignée, mais non le moindre, la 3000 Mk III(série BJ8)
est lancée en 1964. Elle se voit doter d'un servofrein et sa
suspension arrière reçoit des tirants longitudinaux. Surtout, avec
150 ch, c'est la plus puissante des Austin Healey.
La
BJ7 présentée de 1963 est le modèle intermédiaire entre la BT7,
pur roadster à l'anglaise et la BJ8, cabriolet presque bourgeois.
Elle est certainement le meilleur compromis à l'usage à mon goût.
La BT7 a la plus belle ligne, la BJ8 est la plus confortable et la
BJ7 allie une grande part des deux.
Même
à l'arrêt, l'Austin Healey semble cabrée sous l'effet de
l'accélération. Ramassée sur sa poupe comme un fauve prêt à
bondir, sa ligne arc-boutée sur ses hanches évoque les photos des
machines de courses du début du siècle aux silhouettes penchées
par la vitesse. Son profil incliné vers l'arrière, plongeant
doucement jusqu'à la naissance des ailes, participe également à
cet effet que le styliste a su magnifiquement rendre pour créer
l'illusion de la vitesse. Même la découpe des portes, faite de
traits obliques coupés au couteau, suggère la performance. En un
mot, une ligne à couper le souffle !
© G.Bonnafous
© G.Bonnafous
Dessinée
par Gerry Coker, la " Big Healey " apparaît comme une des
plus belles réussites du design britannique. Racée et un rien
agressive dans un ensemble d'une grande homogénéité, elle est un
chef d'œuvre d'équilibre et d'élégance. De plus, la livrée en
deux tons qu'elle revêt souvent lui sied particulièrement bien. La
ligne de partage des couleurs, en accentuant la ligne de fuite
inclinée vers l'arrière, souligne le dynamisme de la silhouette.
Quant aux rondeurs galbées de la poupe, elles offrent à la voiture
un séant aussi rassurant que sensuel, habile contrepoint à l'allure
menaçante de la proue. En net retrait par rapport aux ailes, la
vaste calandre décorée d'une grille à barrettes horizontales - qui
passeront à la verticale sur la Mk II - dessine une gueule vorace
qu'on sent prompte à avaler l'adversaire.
L'Austin
Healey doit à ses premières versions une réputation de brute pour
vrais durs. Mais tel n'est pas le caractère de la génération trois
litres. Voiture virile certes, la 3000 n'en
est pas moins civilisée. Elle offre à ses occupants un confort de
bon aloi (pour ce type de modèles), supérieur en tout cas au niveau
atteint en ce domaine par la plupart des roadsters anglais. Bien
calé, pour ne pas dire coincé, dans les sièges baquets, le
conducteur voit sa tête largement dépasser au-dessus du pare-brise
bas et plat. Ce qui lui vaut, faute d'avoir un goût prononcé pour
les couvre-chefs, de se voir gratifier d'un brushing peu orthodoxe….
Derrière l'imposant et fin volant à trois branches, apparaît un
tableau de bord dépouillé mais complet, le tachymètre disposé à
gauche faisant pendant au compte-tours situé sur la droite. Un coup
d'œil dans le rétroviseur extérieur révèle une vue imprenable
sur le superbe galbe de l'aile arrière…
© D.R.
© D.R.
L'Austin
Healey MK I, qui illustre ces pages, est une assez rare version
roadster (seulement 2825 exemplaires construits), soit une stricte
biplace, avec la roue de secours en guise de passager arrière ! Très
légères, les portes évidées et dépourvues de vitres offrent de
généreux vide-poches. Pour ce qui est de l'habitabilité, nous
dirons, par euphémisme, qu'elle est mesurée ! Dans sa largeur, le
tiers de l'habitacle est occupé par la boîte de vitesses, et en ce
qui concerne la longueur dévolue aux jambes, il est clair que les
basketteurs resteront sur la touche ! On remarquera la curieuse
position du levier de vitesses, couché en biais sur le côté du
tunnel.
Surmonté
d'une suggestive prise d'air, le capot, de dimensions modestes par
rapport à l'ampleur de la partie antérieure de la voiture, cache le
gros six cylindres Austin monté à l'étroit dans son compartiment
exigu. Née avec le quatre cylindres de l'Austin A 90 Atlantic (type
100/4), puis dotée du six cylindres BMC série C de 2,6 litres
dérivé de la Morris Isis (type 100/6), l'Austin Healey hérite en
1959 de ce groupe réalésé à 2,9 litres, et qui équipera
également l'Austin Westminster et la MGC. Ainsi gréée d'une
mécanique plus noble délivrant 124 ch (au paisible régime de 4600
tr/mn), l'Austin Healey Mk I sera produite jusqu'en 1961.
© D.R.
© G.Bonnafous
Sur
la route, la voiture exprime la générosité de sa mécanique qui,
pour être dépourvue de toute sophistication, n'en témoigne pas
moins de remarquables qualités. Puissant et toujours prêt à
reprendre sans broncher, ce moteur tout en rondeur s'affirme comme un
parangon de souplesse et de disponibilité. Grâce à ce cœur
énorme, la conduite se fait sur le couple dont l'excellente valeur
de 23 m/kg s'exprime à 3000 tr/mn,
régime où, pour notre plus grand plaisir, la voiture bondit sous la
charge de la cavalerie. Mais l'on peut tout aussi bien lui demander
d'effectuer une reprise à 1500 tr/mn en troisième, ce qu'elle fera
sans maugréer. Grâce à cette mécanique de caractère, qui en fait
une voiture équilibrée et très agréable à conduire, l'Austin
Healey MK I apparaît comme un modèle parvenu à sa maturité.
Quant à la sonorité de l'échappement, elle est un véritable enchantement. Interprétant sans aucun doute une des plus belles partitions du répertoire automobile, elle nous gratifie de ses tonalités graves et chaleureuses, qui représentent un constant encouragement à monter les régimes. Cette contribution musicale s'ajoute au bonheur que l'on éprouve à solliciter le moteur, un plaisir redoublé par le bruit d'aspiration des deux carburateurs SU, aussi félin que suggestif…
Quant à la sonorité de l'échappement, elle est un véritable enchantement. Interprétant sans aucun doute une des plus belles partitions du répertoire automobile, elle nous gratifie de ses tonalités graves et chaleureuses, qui représentent un constant encouragement à monter les régimes. Cette contribution musicale s'ajoute au bonheur que l'on éprouve à solliciter le moteur, un plaisir redoublé par le bruit d'aspiration des deux carburateurs SU, aussi félin que suggestif…
On
sera moins laudatif à l'égard de la boîte de vitesses à quatre
rapports qui se révèle dure et accrocheuse. Une vraie boîte
anglaise, en somme, les ingénieurs de Sa Gracieuse Majesté n'ayant
que rarement brillé dans l'art de domestiquer synchros et engrenages
! La voiture est gravement pénalisée par la lenteur de cette
transmission, qui ne favorise pas les performances. Vrai talon
d'Achille de l'Austin Healey, cette boîte ne permet pas d'exploiter
complètement les remarquables possibilités du moteur. Réfractaire
aux passages rapides, elle ne veut rien savoir et le double débrayage
s'avère inopérant. Il convient donc de prendre patience et
d'attendre que les pignons paresseux veuillent bien faire leur
travail !
© G.Bonnafous
© D.R.
Très
courte et non synchronisée, la première n'est guère utilisable.
Tout au plus, sert-elle à lancer la voiture. Mais vu le couple du
moteur - et si l'on ne cherche pas à " faire un chrono "
-, le démarrage en seconde s'avère recommandé pourvu que le profil
de la route s'y prête. L'étagement n'est pas non plus sans
reproche, qui laisse un trou entre la deuxième (trop courte) et la
troisième, laquelle grince abondamment tandis que la deuxième
rétrograde plus volontiers (sauf sur les hauts régimes). La voiture
de notre essai est équipée de l'overdrive - monté en option -, qui
permet de réduire le régime moteur d'environ 1000 tr/mn. Mais sa
commande placée du même côté que le levier de vitesses ne paraît
guère pratique si l'on souhaite passer de troisième surmultipliée
en quatrième !
Nous
avons été séduit par le comportement très vif de l'Healey. Alerte
et maniable, la voiture ne demande qu'à se jouer des enchaînements
rapides de lacets. Et c'est peu dire… Car porté sur la glissade et
les écarts du train arrière, son tempérament survireur ne demande
qu'à s'exprimer ! Mais ces excès de générosité demeurent
contrôlables grâce au caractère franc de la voiture, qui réagit
promptement à la moindre sollicitation du volant. Le train avant,
qui nous a paru excellent, permet de bien l'inscrire en virage,
tandis que la direction directe, précise et assez légère,
participe à l'agrément de la tenue de route et aux qualités
dynamiques de la voiture. Et bien que naturellement dépourvue
d'assistance, nous ne l'avons pas trouvée particulièrement dure en
manœuvres lentes. Grâce à un équipement pneumatique moderne, des
Michelin de taille légèrement supérieure à la monte d'origine, la
" Big Healey " s'accroche même fort bien à la route.
© G.Bonnafous
© D.R.
La
suspension présente un heureux compromis entre souplesse génératrice
de confort et fermeté requise par les exigences de la tenue de
route. Sur mauvais revêtement cependant, l'amortissement plus sec de
l'arrière rebondit sur les irrégularités du sol, rendant la tenue
de cap quelque peu aléatoire. Mais la situation ne pose pas de réel
problème de contrôle. Malgré la présence de disques à l'avant,
qui caractérisent également la Mk I par rapport à la précédente
100/6, l'efficacité du système de freinage se révèle moyenne, non
obstant la grande fermeté de la pédale qui, pour obtenir un
résultat, requiert des jambes musclées…
Il
va sans dire que l'Healey 3000 se
révèle tout à fait à la hauteur dans le trafic moderne.
Utilisable comme une routière moderne grâce à la fiabilité de son
gros six cylindres issu de la série, et parfaitement adaptée aux
conditions actuelles de circulation, elle représente un excellent
choix pour le collectionneur tenté par une sportive de tempérament,
mais réfractaire aux caprices d'une mécanique trop
sophistiquée.
De fait, il est tout à fait possible de rouler
quotidiennement en Austin
Healey.
D'origine plébéienne, sa mécanique se révèle docile et non
sujette à la surchauffe. Elle se satisfait d'un entretien assez
sommaire à la portée de n'importe quel garagiste - sérieux, il va
sans dire. Seul le réglage des carburateurs, surtout sur la 3000 Mk
II dotée de trois SU HS4, nécessite une compétence particulière.
© G.Bonnafous
© G.Bonnafous
Les pièces détachées ne posent aucun problème, les catalogues
d'outre-Manche étant largement pourvus sur ce point. Il faut dire
que plus de 46 000 Austin Healey six cylindres ont été produites
(4150 versions 100 Six et 41 925 modèles 3000) !
Par son confort comme par la puissance et l'agrément de son moteur, l'Austin Healey 3000 se situe dans une classe intermédiaire entre les roadsters anglais de type Triumph TR 4 ou Morgan Plus Four, et les Jaguar, Aston Martin et autres GT italiennes. Devenue un grand classique, sa ligne intemporelle en fait l'une des plus belles voitures anglaises de l'après-guerre. Du reste, on demeure frappé par le modernisme de cette forme ponton qui date tout de même de 1952 ! N'ayant pris aucune ride, si ce n'est la calandre qui date un peu, elle est loin de faire ses 49 printemps. Et l'on ne se lasse pas de la séduction qu'exerce l'attachante personnalité de cette voiture généreuse, au grand cœur abrité dans un corps sublime. De quoi être épris…
Source : Motorlegend.com
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